Une nouvelle étude confirme un lien entre l'utilisation à long terme des benzodiazépines et la maladie d'Alzheimer. Ces médicaments utilisés comme somnifères ou contre l'anxiété sont très souvent prescrits en France au-delà du délai recommandé. Après avoir alerté les professionnels sur des prescriptions inadaptées, les autorités sanitaires envisagent une baisse du remboursement de ces produits.
Pendant six ans, les chercheurs ont étudié 1.796 cas d'Alzheimer répertoriés dans un programme d'assurance médicale canadien et les ont comparés à plus de 7 000 personnes en bonne santé, de même âge et de même sexe. Cette étude publiée sur le site du British Medical Journal montre que la prise de benzodiazépines durant plus de trois mois était associée à un risque accru d'Alzheimer pouvant atteindre 51 %. Plus la durée d’exposition est longue et plus le risque d’Alzheimer est élevé, un risque également majoré en cas d'utilisation de benzodiazépines ayant une longue durée d'action.
Selon l'ANSM, 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en 2012, dont 7 millions contre l'anxiété et 4,2 millions contre des troubles du sommeil. Les consommateurs avaient en moyenne 56 ans et étaient pour près des deux tiers des femmes. Un tiers des femmes de plus de 65 ans prenaient une benzodiazépine contre l'anxiété et près d'une sur cinq pour dormir.
Pour limiter l'utilisation des somnifères de la famille des benzodiazépines qui n'ont qu'un « effet faible » sur le sommeil, la Haute Autorité de santé (HAS) a pour sa part préconisé en juillet de réduire leur remboursement par la sécurité sociale, de 65 % actuellement à 15 % à l'avenir.
En conclusion, les chercheurs rappellent que même si le lien de cause à effet n’est pas prouvé, l’association plus forte observée avec des expositions à long terme « renforce la suspicion d’un lien direct possible, même si l’usage des benzodiazépines peut également être un marqueur précoce d’un état associé à un risque accru de démence. »
Le recours aux benzodiazépines est fréquent et préférentiellement chronique au sein de la population âgée. Pourtant les benzodiazépines sont des molécules utiles pour la prise en charge des troubles anxieux et de l’insomnie transitoires. Les auteurs incitent donc à la sensibilisation et au respect des bonnes pratiques associées à leur utilisation telles que des prescriptions justifiées et de courte durée.
« Cela permettrait de veiller à limiter l’utilisation de ces molécules à quelques semaines, une durée pour laquelle les chercheurs n’ont pas observé d’effets délétères sur le risque de démence ultérieur » souligne Sophie Billioti de Gage.
extrait: http://www.inserm.fr/
doctissimo.fr
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