Votre patron vous a demandé de faire
une présentation. Bien que vous connaissiez parfaitement votre matière, vous
êtes rongé d’inquiétude, car vous détestez parler en public. À l’approche du
jour J, vous dormez de plus en plus mal. Chaque matin au réveil, votre cœur bat
à tout rompre et les paumes de vos mains sont trempées de sueur. Vous avez
l’impression que vous allez perdre conscience, faire une crise cardiaque ou
sombrer dans la folie. Dans votre esprit, vous avez déjà raté la présentation
et anticipez la perte de votre emploi, de votre statut social, voire même de
votre maison… Vous voilà en pleine crise de panique. Si vous connaissez trop
bien ce scénario, vous devriez y voir avant que l’anxiété, qu’il faut
différencier d’une certaine inquiétude normale devant une situation difficile,
vous domine entièrement et prenne le contrôle de votre existence.
Anxiété: de quoi s’agit-il au juste?
« L’anxiété se définit comme le
sentiment d’un danger imminent et indéterminé », explique Margo Watt,
psychologue clinicienne, professeure agrégée de psychologie à l’université
St-Francis d’Antigonish (Nouvelle-Écosse) et co-auteure de Overcoming the Fear of
Fear—How to Reduce Anxiety Sensitivity. « C’est la manière pour le corps de
faire savoir qu’on doit se préparer à attaquer ou à fuir. »
« Bien qu’on les confonde souvent,
ajoute-t-elle, l’anxiété est différente de la peur. Cette dernière survient en
réaction à une menace réelle, par exemple lorsqu’on se trouve soudainement face
à face avec un ours en pleine forêt », ajoutant que l’anxiété est plutôt une
anticipation de cette peur. « La personne anxieuse n’ira tout simplement pas en
forêt au cas où elle risquerait de rencontrer un ours.»
Crises d’angoisses aiguës et troubles de l’anxiété
Qu’on s’inquiète à propos de ses
enfants ou de ses obligations financières, ou encore d’un événement « positif »
à venir, par exemple un mariage ou une naissance, le stress fait partie du lot
quotidien de chacun. Selon Margo Watt, l’anxiété est une réaction normale à ce
stress; elle se manifeste « lorsque les pressions et les demandes dépassent les
capacités à faire face à la situation ».
L’anxiété, qui touche plus les femmes
que les hommes, devient un problème lorsqu’on est incapable de relativiser sa
situation (ce que la psychologue clinicienne appelle le « catastrophisme », ou
le fait d’imaginer le pire). On s’imagine que les enfants se font renvoyer de
l’école, qu’on perd sa maison ou que le bébé à venir sera affligé d’une maladie
incurable. La crise d’angoisse aiguë, qui se manifeste par des respirations
superficielles, des palpitations cardiaques et une détresse paralysante, n’est
alors pas très loin. L’étape suivante est le trouble de l’anxiété, qui se
produit lorsque la détresse est telle qu’elle nous empêche de fonctionner : par
exemple, on est incapable de travailler ou d’avoir des relations normales.
Trouble obsessionnel-compulsif, trouble
panique, troubles de l’anxiété généralisée et stress post-traumatique sont tous
considérés comme des troubles de l’anxiété, sans compter les phobies, qui sont
encore plus débilitantes.
Traitement et prévention
Certaines personnes sont plus
prédisposées que d’autres au stress et à l’anxiété. Si votre anxiété provoque
de la détresse et vous empêche d’entretenir des relations normales ou de faire
les choses que vous appréciez normalement, vous devriez consulter. Les
professionnels de la santé mentale, tout particulièrement les psychologues qui
ont une formation en thérapie cognitivo-comportementale, peuvent être d’un
grand secours. Consultez d’abord votre médecin de famille, qui vous référera à
un thérapeute ou aux services offerts dans votre région.
Cependant, la solution définitive à
l’anxiété réside dans la capacité à gérer son stress de sorte que, dans des
situations difficiles, il ne domine pas entièrement son existence. Il est
essentiel de prendre chaque jour du temps pour se détendre, même lorsqu’on a un
horaire surchargé. Margo Watt conseille également de faire régulièrement de
l’exercice afin de dissiper l’énergie de l’anxiété. « L’exercice physique,
explique-t-elle, nous conditionne physiquement et mentalement à mieux gérer
notre stress. »
Aux personnes sujettes à l’anxiété,
elle recommande aussi de pratiquer la respiration profonde (ou diaphragmatique)
quatre à six fois par jour. Ce conseil s’adresse particulièrement aux femmes
qui, par souci constant de rentrer leur ventre, en viennent à ne plus respirer
que superficiellement. Or, la respiration superficielle envoie à l’organisme un
signal de panique, ce qui exacerbe l’état de stress; en revanche, il suffit de
quelques respirations profondes pour ralentir le rythme cardiaque
instantanément. Pratiquez également la méditation, qui peut contribuer à vous
ramener dans le présent et, par conséquent, vous permettre de relativiser.
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